

Musicienne, chanteuse et jeune mère de famille de trois enfants à l'origine de tout ce projet, Luchi traverse tous les jours en voiture un quartier très défavorisé de la banlieue lointaine de Buenos Aires. Un jour elle décide d'y ouvrir un lieu dans lequel au lieu d'errer dans les rues après l'école, les enfants pourraient venir jouer et apprendre ensemble.

L'église lui prête une pièce annexe qui servait de débarras dont elle dispose trois heures par jour. Après avoir tout remis en état, elle récupère des jeux, des livres, des petites tables, des petites chaises, et lance la ludothèque il y a un an.

Cette fois encore, les choses n'ont pas été simples au départ. Il a fallu instaurer des règles bien précises afin que le lieu devienne ce qu'il est aujourd'hui: un havre de paix pour les enfants, où l'on respecte le lieu, les jouets et les autres.

Un cageot pour l'art, un autre pour les poupées, un autre pour les nounours, les jeux de société dans les placards. La règle est de remettre les choses là où on les a trouvées et dans le même état.

Ce qui mobilise Luchi, c'est l'envie de donner à ces enfants un temps où ils peuvent "être des enfants". Jouer comme des enfants. Elle organise aussi des lectures de contes, fait venir des intervenants en tous genres, comme une professeur de yoga qui est venue leur offrir une séance, ou un dentiste qui vient expliquer son métier et comment on se brosse bien les dents. Ils font aussi des jeux de groupe qui sont l'occasion de parler de toutes sortes de choses.

L'ambiance est calme. Quatre grands gaillards enfilent des perles en parlant à peine entre eux tandis que d'autres dessinent, jouent aux dominos, à la dinette. Luchi est aidée par deux mamans qu'elle rémunère elle-même. L'une d'entre elles ne se souvient pas avoir joué enfant.

Certains des enfants qui viennent régulièrement à la ludothèque approchent des 10 ans et ne savent toujours pas lire. L'école ne semble pas s'en préoccuper et Luchi, qui va faire sa formation d'assistante Montessori 3-6 ans, a l'intention d'intégrer petit à petit du matériel pour aider ces enfants là dans leurs apprentissages, tout en voulant conserver le côté ludique de ce moment.

Avant la fin de la séance, le jour de ma venue, nous nous sommes tous assis en cercle, et les enfants m'ont posé beaucoup de questions sur la France. Ils ne voient pas souvent des étrangers, peut-être même jamais. A la fin, les enfants m'ont chacun embrassée et remerciée chaudement de ma visite. Ce genre d'initiatives et les effets positifs rapides et flagrants sur le bien-être des enfants désoeuvrés donnent beaucoup d'espoir. FIN-RETOUR CLIQUER CI DESSOUS